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Présidentielle au Venezuela : l'article à lire pour comprendre la crise politique qui déchire le pays

Le Venezuela s’embrase. Alors que le Conseil national électoral (CNE) a officialisé début août, la réélection pour un troisième mandat de Nicolas Maduro, l’opposition a de nouveau appelé à manifester samedi 17 août pour faire reconnaître la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition.

“Nous descendrons dans les rues du Venezuela et du monde (…) Crions ensemble pour que le monde soutienne notre victoire et reconnaisse la vérité et la souveraineté populaire”, a lancé sur X, la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, qui, comme Edmundo Gonzalez Urrutia, vit dans la clandestinité depuis une dizaine de jours. Plusieurs manifestations spontanées ont déjà été réprimées par les forces de l’ordre. Franceinfo fait le point sur cette crise.

Pourquoi le Venezuela est-il plongé dans une crise politique ?

Le 28 juillet, les Vénézuéliens étaient appelés aux urnes pour départager Nicolas Maduro, le président sortant, et Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l’opposition, à l’élection présidentielle. Le soir du scrutin, le Conseil national électoral, accusé d’être inféodé au pouvoir, a annoncé, après le dépouillement de 80% des bulletins, la réélection de Nicolas Maduro avec 51,2% des suffrages.

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Rapidement, l’opposition a dénoncé des irrégularités et une élection truquée. D’après sa cheffe de file, Maria Corina Machado, le candidat de la Table de l’union démocratique (TUD), coalition qui regroupe les principaux partis de l’opposition, s’est imposé dans tous les Etats du pays. Elle a affirmé, le 29 juillet, qu’Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu 6,27 millions de voix, contre 2,7 millions pour Nicolas Maduro. Selon la femme politique, l’opposition dispose des “preuves de la victoire” grâce à la compilation de procès-verbaux.

Au cours d’un discours enflammé, le président sortant, 61 ans, a défendu l’intégrité du processus électoral. “Quel pays au monde, (…) après les souffrances que nous avons vécues, a le courage d’organiser des élections ? Nous les avons convoquées. Elles se sont déroulées de manière exemplaire, s’est-il félicité après l’annonce des résultats. Je peux dire au peuple vénézuélien et au monde entier : je suis Nicolas Maduro Moros, président réélu de la République bolivarienne du Venezuela. Je défendrai notre démocratie, notre droit et notre peuple”.

Des manifestations rassemblant plusieurs milliers de personnes ont éclaté à partir du 29 juillet à Caracas, la capitale, ainsi que dans plusieurs autres villes du pays.

Pourquoi les résultats officiels sont-ils contestés ?

“Deux semaines après l’élection présidentielle, l’autorité électorale n’a toujours pas publié de décompte détaillé bureau par bureau”, explique Yoletty Bracho, maîtresse de conférences en science politique à l’université d’Avignon. Le pays “reste dans l’attente de preuves de la victoire de Nicolas Maduro”, ajoute Thomas Posado, maître de conférences en civilisation latino-américaine contemporaine à l’université de Rouen et auteur de l’ouvrage, Venezuela : de la Révolution à l’effondrement. Le syndicalisme comme prisme de la crise politique (1999-2021). Malgré ce manque de transparence, le CNE a ratifié officiellement la victoire de Nicolas Maduro le 2 août. Pour leur part, les partis de l’opposition ont publié sur un site internet 83% des procès-verbaux. Ces documents ont été obtenus grâce à leurs scrutateurs. D’après leur décompte, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de deux tiers des voix (67%).

Au cours de sa mission d’observation de l’élection présidentielle, le Centre Carter, a également constaté de nombreuses violations “des lois électorales nationales”“Tout au long du processus électoral, la CNE a clairement fait preuve d’un parti pris en faveur du président sortant”, poursuit l’organisation non gouvernementale fondée par l’ancien président américain Jimmy Carter. De leur côté, les experts de l’ONU déployés au Venezuela pour suivre la présidentielle du 28 juillet estiment dans leur rapport que les “mesures élémentaires de transparence et d’intégrité” nécessaires à des élections “crédibles” n’ont pas été respectées.

En outre, “une immense majorité des Vénézuéliens résidant à l’étranger n’ont pas pu participer à ce scrutin. Au total, 79 000 citoyens résidant en dehors du pays, sur 4,5 millions, ont pu voté”, analyse Thomas Posado. 

Comment a réagi la communauté internationale après la présidentielle ?

Entre condamnations et soutiens indéfectibles à Nicolas Maduro, “la communauté internationale est très divisée”, explique le maître de conférences à l’université de Rouen. La Chine, la Russie, Cuba, le Honduras et la Bolivie ont salué la réélection du successeur d’Hugo Chavez. En revanche, les Etats-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et de nombreux pays d’Amérique du Sud ont exprimé des doutes sur le résultat officiel. 

Pour sortir de l’impasse politique, plusieurs Etats d’Amérique latine, comme le Brésil, la Colombie et le Mexique, ont proposé, dans une déclaration commune publiée le 8 août, une médiation entre les deux camps. Dans ce communiqué, les trois pays “réitèrent leur disposition à soutenir les efforts de dialogue et la recherche d’accords qui contribuent à la stabilité politique et à la démocratie dans le pays”.

Quel est le bilan des troubles post-electoraux ?

Les troubles qui ont suivi la proclamation de la victoire du président sortant ont tué “25 personnes (…) dont deux membres de la garde nationale bolivarienne, en seulement 48 heures (…) entre le 29 et le 30 juillet”, a affirmé lundi le procureur général du Venezuela. Il a également fait état de “192 blessés par armes à feu, armes blanches, divers objets contondants et bombes incendiaires”.

L’ONG Foro Penal, qui défend les prisonniers politiques, dénonce des “détentions arbitraires massives” dont plus d’une centaine de mineurs. Citant des sources officielles, l’ONU a précisé mardi que plus de 2 400 personnes ont été arrêtées depuis le 29 juillet

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