“Tous les points de vue sont les bienvenus et tous les points de vue sont nécessaires” à la COP28. C’est ce qu’a déclaré le président de la conférence sur le climat, Sultan al-Jaber, également patron de la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis. Cela inclut lobbies et grands pétroliers, jusque dans les délégations nationales. Au moins 2 456 lobbyistes des énergies fossiles ont ainsi obtenu une accréditation pour participer à la 28e conférence de l’ONU sur le climat qui se tient actuellement à Dubaï, selon une analyse de la coalition d’ONG Kick Big Polluters Out (KBPO) publiée mardi 5 décembre.
En plein débat sur la sortie de ces combustibles responsables du changement climatique, nombre d’observateurs redoutent le poids de cette présence. “Ils sont plus nombreux que toutes les délégations des pays, sauf le Brésil [qui organisera la COP30] et le pays hôte” (voir notre graphique plus bas) , s’alarme Gaia Febvre, responsable des politiques internationales pour Réseau action climat. Les lobbyistes des hydrocarbures sont aussi “sept fois plus que les représentant.e.s des populations autochtones”. “La situation est de plus en plus préoccupante : la COP ne doit pas devenir le salon de rencontres mondiales des lobbyistes fossiles”, s’inquiète encore Gaia Febvre. Franceinfo montre l’ampleur de leur présence en trois infographies.
Des lobbyistes quatre fois plus nombreux qu’en 2022
Le nombre avancé par KBPO établit un nouveau record. La coalition d’ONG avait recensé 636 lobbyistes à la COP27 de Charm el-Cheikh (Egypte) l’an dernier et 503 à Glasgow (Ecosse) en 2021. KBPO ajoute même que le record de cette année, calculé à partir de la liste des participants publiée par l’ONU, est probablement sous-estimé : l’analyse ne compte pas les lobbyistes d’autres secteurs polluants et ne se base que sur les personnes ayant déclaré, comme c’est désormais obligatoire, leur “connexion avec les énergies fossiles”. “Cela fait des années que la présence toxique des grands pollueurs nous enlise, nous empêchant d’avancer sur les voies nécessaires pour maintenir les combustibles fossiles dans le sol. C’est la raison pour laquelle la COP28 est enveloppée d’un brouillard de déni climatique et non de réalité climatique”, dénonce Alexia Leclercq, cofondatrice de Start: Empowerment, citée par KBPO.