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Présidentielle au Venezuela : on vous explique la crise politique entre Nicolas Maduro et l'opposition, qui revendiquent tous deux la victoire

Un air de déjà-vu ? Le Venezuela est entré dans une période d’incertitude, lundi 29 juillet, au lendemain de la réélection annoncée de Nicolas Maduro pour un troisième mandat. L’opposition a également revendiqué la victoire et refusé les résultats proclamés dimanche soir par le Conseil national électoral (CNE), entachés selon elle par nombreuses irrégularités. Franceinfo fait le point sur la situation. 

Nicolas Maduro en route pour un troisième mandat malgré un bilan économique catastrophique

Il est un peu plus de minuit quand le président du CNE, Elvis Amoroso, prend la parole. Après le dépouillement de 80% des bulletins de vote, ce militant chaviste, proche de Nicolas Maduro selon El Pais, proclame la réélection du président sortant avec 5,15 millions de voix (51,2%), contre 4,45 millions (44,2%) pour l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Selon lui, pas besoin d’attendre les résultats définitifs : la tendance est “irréversible”.

Devant le palais présidentiel, à Caracas, les militants de Nicolas Maduro exultent. Sur scène, l’ancien chauffeur de bus, vêtu d’un survêtement aux couleurs du Venezuela, célèbre sa victoire : “Je peux dire devant le peuple vénézuélien et le monde entier : ‘Je suis Nicolas Maduro Moros, président réélu de la République bolivarienne du Venezuela'”. “Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue”, ajoute-t-il. 

Au lendemain de cette séquence, le Conseil national électoral persiste et signe : “Les Vénézuéliens ont exprimé leur volonté absolue en élisant Nicolas Maduro (…) pour la période mandat 2025-2031. Nous proclamons président de la République bolivarienne du Venezuela Nicolas Maduro Moros”, déclare Elvis Amoroso, lors d’une cérémonie en présence de l’hériter d’Hugo Chavez.

Après 11 ans au pouvoir, Nicolas Maduro entend rempiler pour un nouveau mandat, malgré un bilan économique catastrophique. Le PIB du pays, longtemps considéré comme l’un des plus riches d’Amérique latine, s’est effondré de 80%, rapportent Les Echos. En conséquence, plus de 7,7 millions de personnes ont quitté le pays depuis 2015, soit plus d’un Vénézuélien sur quatre, d’après l’ONU. S’ajoute à ces difficultés macro-économiques un autre problème endémique : la corruption. Caracas se classe au 177e rang sur 180 de l’indice de la perception de la corruption 2023, calculé par l’ONG Transparency International.

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L’opposition dénonce des fraudes et revendique aussi la victoire

Dimanche, la dirigeante de l’opposition, Maria Corina Machado, a pris la parole pour annoncer la victoire de son candidat et dénoncer une fraude électorale. “Le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez”, a-t-elle déclaré devant les médias, affirmant que le représentant de la Plateforme unitaire démocratique (PUD) avait recueilli près “de 70% des suffrages”. “Les résultats ne peuvent être occultés. Le pays a choisi un changement en paix”, a également revendiqué Edmundo Gonzalez sur X. 

L’opposition a dénoncé plusieurs irrégularités lors du scrutin. “Toutes les règles ont été violées au point que la majorité des procès-verbaux n’ont pas encore été remis”, selon Edmundo Gonzalez. Dans la capitale, plusieurs dizaines de motards et d’automobilistes ont intimidé des citoyens ainsi que des observateurs de l’opposition dans un bureau de vote, a rapporté le site d’information argentin infobae.

Avant le vote, les sondages laissaient présager une victoire massive d’Edmundo Gonzalez, rapportait la chaîne américaine CNN. Cet ancien diplomate était devenu le candidat l’opposition après l’invalidation de la candidature de Maria Corina Machado. En quelques semaines, cet inconnu “est devenu un puissant emblème du changement”, selon l’écrivain vénézuélien Elias Pino Iturrieta, cité par le quotidien El Pais.

La campagne électorale s’est déroulée dans un climat particulièrement tendu. Selon l’ONG de défense des droits humains Foro Penal, 135 personnes ont été arrêtées en lien avec la campagne de l’opposition. Fin mai, le Conseil national électoral avait retiré à l’UE son invitation à envoyer des observateurs pour assister au scrutin. 

L’Union européenne et les Etats-Unis réclament la transparence 

Isolé sur la scène internationale, le chef de l’Etat vénézuélien a reçu le soutien de plusieurs régimes autoritaires. La diplomatie chinoise a transmis à Nicolas Maduro les félicitations de Pékin pour sa “victoire” et “pour le bon déroulement de son élection présidentielle”. Allié traditionnel de Caracas, le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel a appelé son “frère” après “le triomphe électoral historique obtenu”.

Terre d’asile de nombreux réfugiés vénézuéliens depuis le milieu des années 2010, la Colombie a appelé sur X “à un audit indépendant (…) dès que possible”. “Les résultats électoraux d’une journée aussi importante doivent avoir toute la crédibilité et la légitimité possibles pour le bien de la région et, surtout, du peuple vénézuélien”, selon Bogota.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est dit préoccupé par les résultats annoncés par les autorités électorales. “Il est essentiel que chaque vote soit compté de manière équitable et transparente”, a-t-il affirmé, réclamant le partage des “informations avec l’opposition et des observateurs indépendants”. En Europe, le Haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité, Josep Borrell, a également appelé à la transparence du processus électoral. “Le peuple a voté pacifiquement et en grand nombre (…). Sa volonté doit être respectée”, a-t-il écrit sur X. Lundi soir, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a à son tour réclamé une “transparence totale”.

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