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Coquilles d'œuf, épluchures, feuilles mortes… L'article à lire pour comprendre le tri des biodéchets, qui devient obligatoire à partir du 1er janvier

Epluchures, restes de cuisine, tonte de gazon… Le tri des biodéchets doit être généralisé en France à partir du 1er janvier 2024. Ils représentent aujourd’hui un tiers des déchets des ménages français. “Pourtant, ils sont encore massivement mis en décharge, générant des gaz à effet de serre, ou incinérés alors qu’ils représentent une ressource importante”, souligne l’Agence de la transition écologique (Ademe). Cette nouvelle obligation, évoquée depuis les années 2010, ne concernera qu’une minorité de foyers dans l’immédiat. Bac de tri supplémentaire, points de collecte dans la rue, compost individuel… La réforme prendra également plusieurs formes. Franceinfo répond aux principales questions qui se posent avant l’entrée en vigueur de cette mesure environnementale.

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C’est quoi, les biodéchets ?

Ils représentent en moyenne 83 kg par an et par habitant, selon les calculs de l’Ademe. Les biodéchets sont ainsi définis dans le Code de l’environnement : “Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires.” Pour les ménages, il s’agit des déchets alimentaires (épluchures, coquilles d’oeuf, restes, produits périmés non consommés…) et des déchets de jardin (tonte de pelouse, feuilles mortes, brindilles…). 

Quels sont les problèmes posés par leur gestion actuelle ? 

Aujourd’hui, seul un Français sur trois vit dans une zone où une solution de tri des biodéchets est proposée, selon une récente évaluation de l’Ademe. La mobilisation des collectivités “reste encore timide”, relève l’agence. Quand ils ne sont pas triés, ces biodéchets finissent en décharge ou incinérés. “Aujourd’hui, on brûle des salades”, résume Juliette Franquet, directrice de l’ONG Zero Waste France.

Pourtant, “le tassement provoque la fermentation de déchets alimentaires dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère”, un gaz à effet de serre qui réchauffe 30 fois plus l’atmosphère que le CO2, rappelle le ministère de la Transition écologique. “Cela produit aussi un jus, le lixiviat, qui peut aller jusqu’à polluer la nappe phréatique”, complète Juliette Franquet. L’incinération pose elle aussi problème puisque la combustion génère également des gaz à effet de serre.

Qu’est-ce qui va changer le 1er janvier ?

L’Etat a décidé d’agir sur le sujet des biodéchets en 2015, se fixant comme objectif l’obligation de tri d’ici 2025. La date a ensuite été avancée au 1er janvier 2024, telle qu’elle a été fixée par une directive européenne de 2018 et la loi anti-gaspillage de 2020. Concrètement, “au plus tard le 31 décembre 2023, cette obligation s’applique à tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodéchets”, dicte le Code de l’environnement. Collectivités, administrations, professionnels et ménages… Tout le monde devra s’y mettre. 

“L’enjeu premier est de sortir les biodéchets de la décharge ou de l’incinérateur, car ils contiennent beaucoup d’eau, et les brûler n’a pas de sens”, soulignait mi-novembre à l’AFP Vincent Coissard, responsable de la sous-direction déchets et économie circulaire au ministère de la Transition écologique. Mais il n’y aura pas de “police du tri”. “Dire que si les personnes ne font pas le tri, elles auront 35 euros d’amende, c’est totalement faux”, insistait-il.

Suis-je concerné ?

Tout le monde doit désormais trier… mais tout le monde ne pourra pas le faire dès le 1er janvier. “Certaines collectivités ont encore des investissements à poursuivre”, admet le ministère de la Transition écologique auprès de l’AFP. Quelque 27 millions de Français (40% de la population) auront une solution courant 2024. Et encore, puisque ce chiffre inclut les 10 millions de riverains qui se contenteront de pouvoir réclamer un bac composteur à domicile sur la base du volontariat. Pour savoir si une solution est proposée près de chez soi, il faut se tourner vers sa mairie. “L’obligation repose sur le producteur de biodéchets, à l’exception des citoyens dont la responsabilité est deléguée à la collectivité”, résume Juliette Franquet.

Certaines communes ont pris de l’avance, comme Lorient (Morbihan) depuis vingt ans, ou Thann et Cernay (Haut-Rhin) qui se sont lancées en 2010 avec une redevance incitative : la facture dépend de la taille du bac à biodéchets et de la fréquence de la collecte. D’autres exemples de transition réussie prospèrent : à Locminé (Morbihan), on roule aux biodéchets, et à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), on se chauffe avec. Le ministère cite encore les exemples de Lille, Bordeaux, Rennes, Niort, Nevers, Pau, Arras ou Clermont-Ferrand.

En dehors des ménages, les gros producteurs de biodéchets comme la restauration collective ou le commerce alimentaire sont, eux, concernés depuis plus de dix ans. “Depuis le 1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent une quantité importante de biodéchets ont l’obligation de trier ces biodéchets et de les faire valoriser dans des filières adaptées (tels que le compostage ou la méthanisation)”, précise le ministère de la Transition écologique. La “quantité” en question a évolué au fil des années, jusqu’à plus de 5 tonnes par an depuis le 1er janvier 2023. En 2024, ce seuil minimum sera supprimé, concernant ainsi tous les professionnels.

Quelles sont les solutions de tri proposées ?

Il n’y a pas de recette unique. Les collectivités pourront choisir parmi différentes méthodes de tri des biodéchets, pour s’adapter à leur territoire et leur population. “L’Ademe a constaté que la gestion de proximité est plutôt déployée sur des zones pavillonnaires ou en milieu rural, tandis que la collecte séparée est principalement mise en place en secteur urbain”, écrit-elle. Voici, dans le détail, les solutions, qui peuvent aussi être combinées :

• La collecte séparée en porte-à-porte. A Lohéac (Ille-et-Vilaine) ou à Lorient (Morbihan), les ménages sont équipés d’un “bio-seau” (une petite poubelle qu’on peut mettre dans sa cuisine) et de sacs biodégradables. Ils vident ensuite le seau dans un bac qui leur est fourni en plus du bac jaune pour les emballages et de la poubelle résiduelle des ordures ménagères. Ces bacs sont collectés par des camions bennes. “Cela peut être compliqué dans des territoires urbains denses, où certains locaux poubelles sont trop petits. Ça demande donc une réorganisation, en réduisant le ou les bacs du tout-venant par exemple”, propose Juliette Franquet, directrice de l’ONG Zero Waste France. 

• La collecte séparée en point d’apport volontaire. Il s’agit ici de la même méthode de tri que les bacs collectifs à verre, qui occupent souvent les trottoirs. C’est la solution choisie par Paris. La collecte à domicile expérimentée dans trois arrondissements (2e, 12e et 19e) sera abandonnée en septembre 2024. La municipalité a décidé d’installer environ 500 nouveaux bacs à biodéchets situés “à moins de trois minutes” à pied du domicile de “tous les Parisiens”, assure Antoine Guillou, adjoint à la propreté de l’espace public, à la réduction des déchets, au recyclage et au réemploi. L’avantage de cette solution est qu’elle réduit le transport des camions bennes et facilite l’organisation de la collecte. “Toutefois, on ne peut pas y aller que toutes les trois semaines, comme pour le verre, car on trie cette fois-ci des éléments qui se décomposent. On doit y aller tous les deux jours, le point doit donc être proche”, prévient Juliette Franquet.

• Les composteurs individuels mis à disposition. Cette solution ne peut convenir qu’à une partie des ménages. A installer dans un jardin ou sur un balcon, les composteurs individuels sont parfois distribués par la collectivité. Il peut s’agir d’un “lombricomposteur (composteur individuel basé sur la digestion de déchets alimentaires par des lombrics) en appartement” ou d’un “composteur domestique de jardin en maison individuelle, notamment en zone rurale”, cite le ministère.

• Les composteurs de quartier ou d’immeuble. Fonctionnant comme le composteur individuel, celui-ci est partagé, par un quartier ou par un immeuble. “Ça a des vertues pédagogiques”, salue Juliette Franquet. “Mais dans une ville dense, ça ne suffit pas. Il y a beaucoup de biodéchets, mais pas de quoi utiliser le terreau produit [par la décomposition dans le compost], au milieu des sols bétonnés.”

Quels biodéchets dois-je trier (ou pas) ?

Tout dépend du mode de tri. “Quand c’est fait de manière industrielle [en collecte séparée par exemple], on peut tout y mettre”, explique Juliette Franquet. Epluchures, coquilles d’œuf, os, couenne… Tous les déchets de cuisine et les restes de repas biodégradables sont triables. “Contrairement aux idées reçues, le compostage domestique ne génère pas d’odeurs”, tient à préciser le ministère. Quant aux nuisibles, l’Ademe reconnaît qu’“on n’est pas à l’abri des rongeurs, mais il y a des solutions”. On peut mettre des grilles au fond des composteurs, ou veiller à une fréquence suffisante des collectes. Chaque mairie peut écrire ses propres règles. A Montbéliard (Doubs) par exemple, les reste de viande et de poisson sont interdits. Il faut donc se renseigner sur les spécificités de sa commune.

Quand c’est fait de manière individuelle, il faut être plus vigilant. L’Ademe propose un tutoriel détaillé, dans lequel elle invite à jeter “sans hésiter” les déchets de cuisine (épluchures, marc de café, pain, laitages, croûtes de fromages, fruits et légumes abîmés…), les déchets de jardin (tontes, feuilles, tailles de haies…) et même “certains déchets de maison” (mouchoirs en papier, cendres de bois, papier journal, cartons…). L’agence de la transition écologique ajoute qu’il faut trier “modérément ou avec précaution” la viande notamment, ou alors placée “en petits morceaux au centre du tas, hors d’atteinte des animaux”. Une fois le tri effectué, l’Ademe conseille de mélanger régulièrement les déchets entre eux, aérer le compost et en surveiller l’humidité.

A quoi cela va-t-il servir ? 

Pour les solutions de tri de proximité (individuel, de quartier ou d’immeuble), le compost pourra servir comme paillage ou terreau pour le jardinage. “La gestion de proximité permet [aussi] de limiter la production de déchets à traiter par le service public et de réduire la facture de gestion des déchets : cela signifie moins de camions de collecte de déchets sur les routes, donc moins de dépenses d’énergie pour leur transport, moins de mise en décharge, moins d’incinération de déchets alimentaires”, énumère le ministère pour comprendre le cercle vertueux engendré.

A plus grande échelle, professionnelle ou collective, les biodéchets triés sont envoyés sur des plateformes de compostage ou en méthaniseur. Ils peuvent donc “être transformés en un amendement agricole utilisable par les professionnels dès lors qu’il respecte certaines normes”. Ou servir à produire de l’énergie : leur décomposition génère l’émission de méthane, qui est ensuite utilisé comme combustible et peut “servir de carburant pour des transports de ville, pour chauffer des réseaux de chaleur urbaine ou encore être injecté sur le réseau de gaz”, détaille l’Ademe. 

Je n’ai pas tout lu, vous pouvez me faire un résumé ?

Le tri des biodéchets, c’est-à-dire des déchets biodégradables issus des restes de cuisine ou de jardinage, est généralisé en France à partir du 1er janvier. Si, jusqu’à présent, ils étaient souvent mis en décharge ou incinérés, générant des pollutions et des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, ils devront désormais être triés par “tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets”, à savoir les collectivités, les administrations, les professionnels et les ménages.

Toutefois, “certaines collectivités ont encore des investissements à poursuivre”, rapporte le ministère de la Transition écologique. En 2024, seuls 27 millions de Français (40% de la population) auront une solution de tri. Quand elle sera mise en place, cette nouvelle habitude pourra prendre plusieurs formes : la collecte via un bac de tri supplémentaire dans le local à poubelles, l’apport volontaire des citoyens dans des bacs collectifs mis à disposition dans l’espace public, le compost individuel ou enfin le compost à l’échelle d’un quartier ou d’un immeuble.

Chaque collectivité pourra choisir les solutions les plus adaptées à ses habitants. Ce choix déterminera aussi le contenu à trier. Si les collectes séparées à grande échelle peuvent presque tout accueillir, le tri individuel appelle à davantage de vigilance. Ces différentes solutions auront ensuite pour but d’alléger les poubelles, de produire des apports riches pour la terre ou encore du biogaz.

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