Être mère à 40 ans aurait aussi des vertus ! Constamment mises en garde contre les risques d’une maternité tardive, les femmes qui ont un enfant alors qu’elles ont depuis longtemps soufflé leurs 20bougies auraient un risque de cancer de l’endomètre bien moindre que leurs benjamines, affirment les auteurs d’une étude publiée dans l’American Journal of Epidemiology.
Le risque de cancer de l'endomètre serait réduit de 44% chez les femmes qui ont mené une grossesse après 40 ans.
Le
cancer de l’endomètre, qui affecte le corps de l’utérus, est en augmentation ; il frappe aujourd’hui près de 5 000 femmes par an. On estime que 1 800 en décèdent chaque année.
Survenant après la
ménopause, ce cancer serait favorisé par la prise d’estrogènes (dans le cadre de
traitement hormonaux de substitution), certains médicaments
d’hormonothérapie contre le
cancer du sein notamment (mais le bénéfice de ces traitements reste largement supérieurs aux risques), la surcharge pondérale et les maladies associées (
obésité,
diabète,
hypertension…). On distingue deux types de cancer de l’endomètre :
– le cancer de l’endomètre de type 1, le plus fréquent, qui serait liée à l’exposition aux estrogènes
– le cancer de l’endomètre de type 2, le plus rare mais aussi le plus agressif, qui, lui, serait indépendant de l’imprégnation hormonale.Si la
maternité tardive a déjà été associée à un moindre risque de cancer de l’endomètre, les médecins manquaient néanmoins de données objectives issues d’études suffisamment larges. Les travaux réalisés par Veronica Setiawan, doctorante en médecine préventive à l’école de médecine Keck de l’Université de Californie du Sud, ont porté sur 4 cohortes et 13 études, soit un total de 25 233 femmes dont 8 671 souffrant d’un cancer de l’endomètre. Et les résultats confirment le lien. En effet, comparées aux femmes dont la dernière
grossesse remontait à leurs 25 ans, celles qui avaient eu leur dernier enfant entre 30 et 34 ans avaient un risque de cancer de l’endomètre réduit de 17 % ; pour celles qui avaient accouché entre 35 et 39 ans, ce risque était réduit de 32 % ; et pour celles qui devenaient mères passé 40 ans, il l’était de 44 %.“L’âge tardif lors de la dernière maternité est un facteur protecteur contre le cancer de l’endomètre, même après la prise en compte des facteurs connus pour leur capacité à influencer la maladie“, conclut l’auteur. Et cette dernière d’ajouter que l’effet protecteur conféré par une maternité tardive semble se prolonger dans le temps et ne pas varier en fonction du type de cancer de l’endomètre.
Des travaux doivent à présent être approfondis pour comprendre pourquoi l’âge tardif de la dernière maternité protège contre le risque de cancer de l’endomètre. Plusieurs mécanismes potentiels ont déjà été évoqués par le passé, rappelle Veronica Setiawan :
– les femmes capables d’être enceintes à un âge avancé auraient un endomètre d’excellente “qualité“ ou auraient moins de cycles menstruels sans ovulation ;
– une exposition prolongée à la
progestérone au cours de la grossesse serait particulièrement bénéfique à un âge avancé, au moment où le cancer de l’endomètre se développe ;
– les cellules malignes ou pré-malignes de l’endomètre, qui se développent à un certain âge, seraient éliminées pendant la grossesse.Pour l’auteur, “cette étude met en évidence un facteur protecteur important du cancer de l’endomètre, et lorsque l’on connaîtra les mécanismes exacts sous-jacents, cela nous aidera à mieux comprendre comment se développe le cancer de l’endomètre et ainsi à mieux le prévenir“.Amélie Pelletier
Source
“Age at last birth in relation to risk of endometrial cancer: pooled analysis in the approximately 13 percentage points for each five-year delay in last births“, American Journal of Epidemiology (résumé en ligne sur le
site de la revue et sur le
site de l’école Keck de l’Université de Californie du Sud)