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Une BD pour s’envoler avec l’Aéropostale vers le Maroc

Le désert et les avions rendent bien sous la plume des dessinateurs de BD. Hergé l’avait déjà montré avec plusieurs albums de Tintin. Kraehn, Chrys Millien et Erik Arnoux confirment ici que le ce décor est toujours aussi bédégénique.

Les lecteurs de Jean-Charles Kraehn connaissent déjà Josef: il n’est autre que Tanguy-la-Vie-Dure, l’un des personnages de la série Tramp. Et s’ils peuvent découvrir sa jeunesse tumultueuse dans L’Aviateur, c’est grâce à ses carnets intimes qu’il avait confiés à Yann Calec – le héros de Tramp – avant de mourir…

Après l’Afrique du début du XXe siècle (avec notamment dans le premier tome une histoire qui se déroule dans le cadre de la guerre anglo-allemande en Afrique de l’Est) et la France des Années folles, ce troisième album de la série – qui peut se lire indépendamment de Tramp – nous entraîne à la découverte d’une incroyable épopée des années 20: celle de l’Aéropostale.
 Josef, dont le rêve est de devenir pilote, réussit à intégrer l’Aéropostale qui en est à ses balbutiements, après des péripéties aventureuses dans la voltige aérienne. A l’instar de Saint-Exupéry ou Mermoz, Josef va accomplir des missions périlleuses, et traverser la Méditerranée pour aller au Maroc et vivre enfin une aventure à sa mesure. Ses exploits se déroulent notamment le long de la côte africaine, entre le Maroc et Dakar. Les pilotes sont hébergés par des forces espagnoles (nous sommes encore au temps des colonies) et des habitants du désert qui ne sont pas toujours très accommodants. 

L’Aéropostale entre le désert et l’Atlantique dans le sud marocain au cours des années 20. Extrait de la BD «L’Aviateur» (Editions Dargaud) de Jean-Charles Kraehn et Chrys Millien. (Dargaud)

Outre les aventures dans le désert, la BD brille par la somme d’informations données sur la naissance de cette aviation commerciale. Les auteurs se sont profondément documentés sur la naissance de la ligne aérienne, son fonctionnement, son matériel, ses escales, les termes employés et même certains personnages qui ont vraiment existé comme Didier Daurat, l’intraitable directeur d’exploitation de Latécoère chargé du recrutement des pilotes obligés d’effectuer «le royal cambouis», c’est-à-dire rester au sol pour effectuer la maintenance des avions.Développée au lendemain de la Première guerre mondiale, l’aviation postale doit beaucoup au courage de ses premiers pilotes. Dès 1918, Pierre-Georges Latécoère imagine une ligne aérienne reliant la France au Sénégal en passant par l’Espagne et le Maroc. C’est le vol du 25 décembre 1918 avec un Salmson 2A2 qui est considéré comme le vol inaugural. Il fonde alors la Compagnie générale d’Entreprises aéronautiques (CGEA) qui crée puis exploite les lignes Toulouse-Casablanca, Casablanca-Dakar (par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros, Port-Etienne, Saint-Louis). La BD colle à l’histoire et la clarté du dessin met en valeur les décors grandioses ainsi que les détails des avions. C’est chez Latécoère que Mermoz, Saint-Exupéry et Guillaumet ont fait leurs premières armes, non sans difficultés: comme dans le scénario de Jean-Charles Kraehn, les tribus maures capturent les aviateurs contraints à un atterrissage forcé sur leurs territoires et ne les rendent que contre de fortes rançons, les pilotes négociant souvent avec ces tribus insoumises. Très vite, les avions volent à deux au cas où l’un tombe en panne. Le nom d’aéropostale n’arrive qu’en 1927. Les activités de Latécoère (CGEA) sont intégrées à la compagnie générale Aéropostale. A la fin de l’année 1928, l’Aéropostale rassemble 80 pilotes, 250 mécaniciens, 53 radios, 260 marins, 318 avions, 21 hydravions, 1351 moteurs, 6 avisos, 10 vedettes et 4 dépanneurs.

(Dargaud)

«L’Aviateur
Les courriers du désert»,
de Jean-Charles Kraehn, Chrys Millien et Erik Arnoux.
Editions Dargaud
60 pages, 14 euros
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