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Atlas historique de l’Afrique : l’histoire de ce continent “ne rentre pas dans les découpages chronologiques que nous connaissons”

Continent immense, l’Afrique n’a pas une seule histoire. Mais de multiples histoires que raconte l’Atlas historique de l’Afrique – De la préhistoire à nos jours. La rédaction de l’ouvrage a été dirigée par François-Xavier Fauvelle, titulaire de la chaire Histoire et archéologie des mondes africains au Collège de France (et qui tenait sa leçon inaugurale le 3 octobre 2019), et Isabelle Surun, professeure en histoire contemporaine à l’université de Lille. Isabelle Surun a répondu aux questions de franceinfo Afrique.

L’église enterrée et taillée dans le roc de Bete Giyorgis (Saint-George) à Lalibela en Ethiopie le 22 mars 2019. (EDWIN REMSBERG / VWPICS/SIPA)

Franceinfo Afrique : qu’est-ce qui caractérise l’histoire – les histoires –, de l’Afrique ?Isabelle Surun : la continuité qu’on y observe n’a pas la même temporalité qu’en Europe. Il faut ainsi sortir d’une vision eurocentrée. L’histoire africaine ne rentre pas dans les découpages et césures chronologiques que nous connaissons. La période de l’Afrique ancienne s’étend ainsi de la Préhistoire jusqu’au XVe siècle dans certaines régions. Elle peut même déborder jusqu’au XIXe pour certains royaumes.Un autre élément caractéristique de l’histoire de l’Afrique, c’est la diversité, par exemple, des organisations socio-politiques. Les Etats constitués sous forme de royaumes peuvent ainsi coexister avec des chefferies ou des sociétés organisées sous forme de classes d’âge.L’Afrique a toujours été très ouverte sur le monde. On est frappé par ses contacts tous azimuts au fil du temps avec les mondes antiques (Phéniciens, Grecs, Romains), arabe, ottoman, indien, chinois, européen… Il faut revenir sur l’idée reçue, répandue notamment par des géographes allemands au XIXe, d’un continent coupé du monde et vivant en vase clos. Dans l’ouvrage, nous insistons sur les moments et les espaces de connexion. On pourrait imaginer que le Sahara et la forêt équatoriale ont constitué des obstacles physiques pour les relations à l’intérieur de l’Afrique. Mais le premier n’a jamais été une barrière aux échanges économiques et culturels. Pas plus que la seconde n’a empêché la diffusion de la métallurgie du fer et des langues bantoues. Dans le même temps, l’Afrique de l’Est a entretenu des relations avec l’Inde, la Chine…

La mosquée de Sankoré à Tombouctou (Mali), bâtie au XIVe siècle. Au XVIe, l’imam Al Aqib fit démolir le sanctuaire et le fit reconstruire en lui donnant les dimensions de la Kaaba de la Mecque. L’édifice a été classé en 2008 au Patrimoine mondial de l’Unesco. (GUIZIOU FRANCK / HEMIS.FR)

La traite a aussi reconfiguré l’orientation des échanges commerciaux et la carte politique de certaines régions. Les royaumes du Dahomey (actuel Bénin) et d’Ashanti (actuel Ghana), intermédiaires des compagnies européennes impliquées dans la traite des esclaves, ont ainsi pu construire des Etats puissants. Dans votre ouvrage, on est frappé par l’importance de l’islam… Quel rôle a finalement joué cette religion ?Tout dépend de l’époque. La religion musulmane est arrivée au sud du Sahara par les routes transsahariennes et le commerce dès les VIIe-XIIe siècles de notre ère. Mais à cette époque, elle était très circonscrite, notamment dans les quartiers de marchands dans les villes. Ensuite, dotée d’un certain prestige, elle est devenue la religion des élites. Au XIVe, le roi du Mali, Mansa Moussa, séjourne ainsi au Caire avant de se rendre à La Mecque en pèlerinage.Par la suite, on assiste à une massification, mouvement qui s’intensifie au XIXe, avec l’apparition de confréries religieuses moins élitistes. L’islam est ainsi à l’origine de bouleversements politiques avec des révolutions populaires anti-aristocratiques comme dans le califat de Sokoto (nord de l’actuel Nigeria), plus grand Etat d’Afrique au XIXe siècle, fruit d’un jihad entre 1804 et 1810. Admirateurs de cette organisation, les colons britanniques ont laissé en place ses structures administratives.La religion musulmane a aussi servi de liens sociaux à des réseaux économiques. En Afrique de l’Ouest, les marchands dioulas pouvaient ainsi être accueillis un peu partout. Sous la colonisation, l’islam n’a pas disparu. Les Européens ont ainsi cherché à créer des liens avec les confréries.

La couverture du livre “Atlas historique de l’Afrique” (DR – Autrement)

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