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François Sagan: son fils se souvient

Il est son enfant unique, tant désiré, tant choyé. A 53 ans, Denis Westhoff gère l’héritage de Françoise Sagan et se souvient encore et toujours.

Rencontrer le fils unique de François Sagan consiste d’abord à surmonter son trouble. A cinquante-trois ans, Denis Westhoff, qui gère l’héritage de sa mère – soit un catalogue qui compte une quarantaine de romans, nouvelles et pièces de théâtre – a la même façon de parler et la même mélancolie mélodieuse que l’auteure de ses jours. Dialoguer avec lui consiste à dépasser tour à tour sa méfiance et sa sauvagerie. Mais au final, on garde en tête son élégance, toute « saganesque » comme il aime à le préciser.

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Gala : N’est-il pas pesant d’être une sorte de gardien du temple de la mémoire de sa mère ?

D. W. : Ce n’est pas ce que je ressens. Je trouve que je gère une œuvre indépendante, libre et intelligente. Dx ans après sa disparition, ma mère reste très moderne. A sa mort, quand j’ai découvert qu’elle avait laissé des dettes fiscales dont j’ai négocié le paiement avec l’Etat, j’ai refusé que mon héritage parte aux enchères. C’est sans doute parce que, en vieillissant, je me suis senti une sorte de devoir moral et affectif envers elle.

Gala : On la savait droguée. Etait-elle, lorsque vous étiez jeune, en mesure d’assumer des responsabilités maternelles ?

D. W. : Je ne veux pas vous paraître insultant, mais je n’en peux plus que les journalistes choisissent la facilité en la résumant à ça… La drogue et à la conduite pieds nus d’une décapotable. Ma mère était bien autre chose. L’une des raisons pour lesquelles je m’occupe de sa succession, c’est que je cherche à modifier cette image. Elle ne passait pas sa vie en boîte de nuit, elle sortait un livre par an, c’était une discipline. En face de son nom dans le dictionnaire, il n’est pas écrit qu’elle buvait du wisky ou prenait de la cocaïne. Il est mentionné : femme de lettres. Ça suffit à la résumer.

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Gala : Est-ce que vous vous sentiez tout de même cadré par des principes éducatifs ?

D. W. : Elle aurait été mal placée pour en avoir. Elle n’avait pas été une élève laborieuse. Enfant, je ne pensais qu’à m’amuser et faire la fête. Si elle n’était pas très maternelle, ce n’était pas non plus une femme immature. Elle était aimante, attachante, responsable et très attentive. Elle ne m’a jamais abandonné.

Gala : Etre l’enfant de Sagan, on imagine que ce fut parfois pesant tout de même…

D. W. : Bien sûr. Jeune homme, je me souviens qu’on me présentait dans les dîners comme étant « le fils de Sagan ». J’étais un faire-valoir, un moyen de l’approcher. Avec le temps, ça s’est estompé.

(…)

Gala : C’est fou comme vous avez le même phrasé que votre mère…

D. W. : On a vécu vingt ans ensemble, ça ne peut pas ne pas laisser de traces. Peut-être que j’ai quelque chose de son ton, oui. Mais quand j’écris, je n’ai pas son talent des phrases très courtes. Je me souviens que ma mère relisait ses textes à voix haute pour entendre leur musicalité. Si elle les finissaient sans être essouflée, alors elle se disait que c’était réussi. Pour une artiste, comme elle l’était, l’œuvre est une identité. J’aimerais qu’on garde ça en mémoire la concernant.

Demain dans Gala, retrouvez l’interview complète de Denis Westhoff, ses souvenirs d’enfance, mais aussi l’amour et l’admiration qu’il voue encore aujourd’hui à sa mère, Françoise Sagan.

Redécouvrez la bande-annonce du biopic de Françoise Sagan:

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